● Pour un adulte, patouiller ou patauger évoque plutôt un désagrément, lorsqu’en marchant sur un terrain boueux, les chaussures glissent ou s’enfoncent.
● Mais pendant la petite enfance, patouiller est un plaisir, malaxer la terre humide et des autres matériaux d’aspect similaire.
● La nature est une source inépuisable d’éléments à prendre à pleines mains et à mélanger ensemble : eau, terre, sable, cailloux, feuilles, brindilles...
● En fabriquant soi-même les pâtes à patouille, on peut découvrir de multiples textures et explorer le missible et le non missible, le gluant, le doux, le granuleux...
Flaques d’eau, tas de boue et sable doux...
● En ville ou à la campagne, les jeunes enfants sont doués pour repérer tout ce qui leur offre une occasion de patouiller. Ils y courent et sautent à pieds joints, plongent les mains, s’enduisent parfois les bras et éclaboussent avec joie sans penser aux répercussions.
- Avant 18 mois, ils se concentrent sur le fait de toucher, d’appuyer ou de faire rouler entre les doigts, en se laissant guider par leurs sens.
- Après 18 mois, les enfants entrent peu à peu dans l’imaginaire: le mélange à base d’eau, de cailloux devient une soupe, l’assiette de purée une montagne et le jus de la viande un volcan en fusion... Avec ou sans récipient, l’enfant investit pleinement la matière, avec joie et excitation! Il est parfois dur de les extraire de ce jeu sensoriel intense.
● Nul doute que jouer avec des objets de la nature trouvés dans un jardin ou dans une forêt offre une expérience bien plus riche que la manipulation de jouets en plastique.
La nature : source inépuisable de patouille
● Le mélange de sable et d’eau offre une occasion rêvée de se salir! En variant les combinaisons du sec au mouillé et du dégoulinant au compact. Les expériences sensorielles sont à leur apothéose!!
● Les paysages de bord de mer, avec toutes les nuances de sable chauffé ou non par le soleil, transformé ou non par le mélange avec l’eau, offrent un modèle idéal difficile à transposer. Pendant toute l’enfance, les jeux de plage n’ont pas d’équivalent.
● De petits objets à enfoncer ou à faire disparaître, la pâte motive les enfants.
● Mais l’activité qui se rapproche le plus des découvertes spontanées des éléments de la nature est la patouille à base d’argile. C’est une matière naturelle dont la couleur va du blanc écru jusqu’au rouge. Il suffit de la mélanger avec de l’eau et de fabriquer ce qu’on appelle la barbotine présentée aux enfants au fond d’un bac avec un petit rebord: sain pour la peau et qui se lave facilement sur le corps ou sur le sol, au simple jet d’eau. Que des avantages !
Une activité ludique "défoulatoire" et compensatoire
● Probablement tous les enfants aiment patouiller mais tous ne le savent pas, les uns, de par leur éducation, d’autres par inhibition face à une matière mouvante.
● Comme pour tout autre mode d’expression, il est préférable de favoriser l’accès à des matières innovantes, dans un cadre favorable aux sensations et à l’expression des émotions.
● La présentation peut être individuelle (chacun son bac ou son plateau) ou collective, l’une et l’autre ayant ses atouts et ses limites. Il faut veiller à avoir suffisamment de temps devant soi car si certains enfants chahutent et éclaboussent immédiatement, d’autres au contraire apprivoisent la matière en plusieurs étapes.
● Les mots de l’adulte qui accompagnent les découvertes et l’expression des émotions sont un plus qui enrichit cette activité ludique et le lien parent-enfant autour de la sensorialité.
Liberté d’exploration et maîtrise!
● Les jeux de patouille se proposent plus facilement dès que les beaux jours arrivent : les enfants sont peu vêtus et risquent moins de prendre froid quand ils se mouillent.
● L’objectif est de favoriser la découverte sensorielle, satisfaire la curiosité du jeune enfant et enrichir son vocabulaire pour parler de ce qu’il perçoit et ressent.
● Par ailleurs, les explorations sensorielles ont un aspect défoulatoire car elles se font sans objectif de résultat et se déroulent sans consignes autres que celles liées à l’organisation matérielle.
● La patouille procure également un sentiment de puissance sur les éléments. Pendant qu’il forme et transforme la matière en gratouillant, creusant, enfonçant, étalant, le jeune enfant se prend un peu pour le maître du monde face à cette malléabilité qu’il essaye de contrôler.
Il éprouve la satisfaction d’être maître de ses actions alors que dans sa vie quotidienne, il est très souvent dépendant des adultes.
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